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65 ANS D'ÉCART - RÉSIDENCE BASILIQUE à SAINT-DENIS

janvier à mai 2024 - atelier de pratique de master 1 EDAM et ACSH

«Rien n’est vrai, tout est vivant » 1

Le département de Seine-Saint-Denis porte un ensemble de démarches en faveur de l’inclusion sociale et de l’autonomie des personnes âgées, dont le poids démographique est en pleine croissance. Le contexte de la crise sanitaire liée au covid-19 ayant accentué l’isolement des personnes âgées et entravé l’accès au sport et à la culture, la Direction de l’Autonomie et la Direction de la Culture, du Patrimoine, du Sport et des Loisirs ont souhaité expérimenter en 2020-2021 une offre alternative post-confinement à destination des seniors du département vivants en EHPAD et en Résidence Autonomie : les Parcours Autonomie Culture et Sport, financés par la Conférence des Financeurs. Au regard de l’impact positif de ces parcours sur la prévention de la perte d’autonomie et sur la participation à la vie sociale des personnes âgées, la Conférence des Financeurs a souhaité à nouveau soutenir ce dispositif en 2024.

Le cours-atelier 65 ans d’écart est l’un de ces parcours ; il s’est déroulé à quelques pas de la Basilique de Saint-Denis, à la résidence Basilique, 2 rue du Pont Godet.

Il s’inscrit dans le module Pratiques coopératives du Master EDAM (Écologie Des Arts et des Médias) du département arts plastiques.

Faire le récit des actes de co-créations qui ont donné jour à  :

 

Un ciel et ses à côtés, 

Liées par la Main froide, 

Déyé tablo yo, 

Traversées, 

Éventails, 

Souvenirs d’une mémoire, 

Écho de la Terre-Mère, 

Contact, 

 

est tenté ici par la mise en relation des différentes traces documentaires qui ont été élaborées au fil des ateliers. Ce sont des extraits du journal de bord co-écrits (et parfois ré-écrits) après chaque séance d’atelier, des monographies rédigées par les étudiant.es dans le feu de l’action ainsi que leurs notes d’intention à l’adresse des publics de l’exposition-restitution, des lettres co-construites par les binômes et trinômes pour les futurs binômes et trinômes de la session 2025 et, enfin, des photographies. Par cet acte éditorial qui enclenche une ouverture à l’échange et au partage, comment penser ce nouveau contexte des différentes traces de faire ? Réactivera-t-il les vies qui ont surgi au sein de ces histoires faites de belles incertitudes, d’exaltantes contradictions, d’indicibles complicitées, de difficultés relationnelles surmontées, de souvenirs bouleversants, de tendresses incommensurables ? 

Rappelons le cadre symbolique de cet atelier : durant douze séances hebdomadaires, à la résidence Basilique (les mardis de 15h à 18h), dix étudiant.es volontaires de Master 1 et une doctorante ainsi que huit résident.es ont inventé et éprouvé des actes de co-création. L’équipe encadrante fut composée du personnel de la Résidence Basilique, Maude Oulei (directrice), Aline Paul (secrétaire), Monique Bernard et Yamina (agentes de service) ainsi que Marie Descure (documentariste sonore), Anaïs Gall (plasticienne et ancienne étudiante qui a participé à la session 2021) et moi-même (enseignante à l’université Paris 8). À l’initiative de ce projet, Alissone Perdrix (enseignante à l’université Paris 8) est venue parfois nous prêter main forte pendant son congé maternité. 

En se situant hors milieu universitaire et hors champ de l’art, la résidence Basilique offre d’emblée l’occasion de mettre à distance les idées reçues, les allants de soi sur la formation des pratiques artistiques et sur leurs visées. Inspirée directement des pédagogies institutionnelle et Freinet, l’expérience pédagogique proposée souhaite repenser les modes d’apprentissage artistique et plastique en mettant tout d’abord au premier plan l’existence des Sujets.

Une attention est tout d’abord portée à l’acte de nomination qui est travaillée par une invitation à dessiner les lettres de son prénom sur des supports découpés par les participant.es, puis à les présenter sur les murs de la résidence. Ce temps d’épellation et d’interpellation symbolique n’a revêtu tout son sens que dans les prises de conscience collectives des événements qu’ont suscités les choix plastiques successifs. L’efficace de ces pratiques, articulant l’individuel et le collectif, éclaire tout autant les croisements que les différences, esquivant ainsi tout désir de produire une «bonne réponse». Pour étayer ces déplacements de gestes et de pensées intériorisés, des «choses» apportées par chacun.e — extrait de musique ou objets oubliés, hérités, usagées, usées, volatilisés, retrouvés, désirés— s’expriment tout à coup de mains en mains à travers les imaginaires d’untel ou d’unetelle, inachevant les histoires que l’on croyait à jamais clôturées.  

Ce sont ces avènements qui tissent les premiers langages co-créateurs entre les petits groupes de deux ou trois personnes de 65 ans d’écart. S’entretissent par la suite des promenades poétiques et photographiques, des dialogues filmiques et dessinés, des jeux graphiques et tissés de voix, des paroles éventées, des souvenirs d’été retranscrits à la main...  S’écrivent en permanence des histoires interhumaines exposées à la chaleur de l’instabilité et de l’incertitude, donc au vivre ensemble.

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1.  Édouard Glissant.

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