Plasticienne et agrégée d’arts plastiques, ses premières recherches se présentent comme des observatoires de l’appareillage du regard (dispositifs de projection et photographiques). Elle enseigne à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Livry Gargan (93) de 2000 à 2013, un des berceaux des pédagogies institutionnelle, coopérative et libertaire (F.Imbert, A.Diot). Ses activités d’enseignement se déploient de la préparation au concours des professeurs des écoles à celui de l’agrégation interne et externe d’arts plastiques. Elle participe à de nombreux jury de concours et coordonne des stages de formation professionnelle disciplinaire et interdisciplinaire à l’adresse des enseignants du premier degré, du second degré et du supérieur en accordant une place centrale à la «dynamique des groupes», à l'analyse des pratiques et à l’autogestion.
L’orientation émancipatrice de ses formations artistiques cherche à soulever les allant-de-soi pédagogiques pour favoriser une conscientisation critique et une praxis pédagogique. Elle poursuit parallèlement ses recherches sur l’analyse des médiations culturelles pour repérer les stratèges économiques et politiques de la culture et l’industrialisation du regard.
Sa thèse de doctorat intitulée Rendre public à l’épreuve de la relation institué /instituant (Paris 1- Panthéon-Sorbonne) élucide les formes d’institution du sens et l’institutionnalisation de la critique dans les mondes de l’art pour interroger les fonctions et les visées de la production (et de l’improduction) artistique et se situer par rapport aux formes néo-libérales du savoir.
Depuis 2014, à l’université Paris 8 (département arts plastiques), ses ateliers de pratiques visent l’élaboration et le partage de l’institution du cours comme formation artistique et critique à part entière. L’approche théorique privilégiée tient compte de l’ambiguïté clinique et pratique pour développer une approche du collectif lucide, vivante, émancipatrice et ouverte. En coopération avec Alissone Perdrix, depuis 2020, leurs recherches et interventions artistiques et pédagogiques dans différents milieux professionnels et humains (usine, EHPAD, agriculture, élevage, artisanat...) confèrent à leurs ateliers de pratique la forme de résidences d’une semaine ou d’un semestre. Enseignantes, étudiant.es, maraîcher.es, éleveurs, feutrière, personnes âgées et ouvrier.es y apprennent à tisser des histoires individuelles et collectives comme recherche- création chaque fois singulière et toujours incertaine.
C’est lors de ses études aux Beaux Arts de Saint-Etienne, qu’Alissone Perdrix a commencé à développer une recherche mêlant arts plastiques et cinéma. Son travail se construit autour de dispositifs qui deviennent la mécanique même des films qu’elle réalise. Toujours en équipe réduite et en situation d’immersion, elle produit des documentaires qui activent le réel autant qu’ils en rendent compte.
Son passage par le Master Espace public, design, architecture, pratiques en 2008 a ancré sa recherche dans la pluridisciplinarité et la coopération. Elle fonde en 2009 avec Fanny Herbert, sociologue, Corentine Baudrand, urbaniste et Laurie Guyot, architecte, l’association Carton Plein qui oeuvre toujours en Auvergne Rhône Alpes. Carton Plein est une équipe multifacette qui crée des espaces de recherche et d’expérimentation joyeux et collectifs, qui permettent de porter des sujets de société sur la place publique, avec le désir de réinventer le monde. La recherche-création est au coeur de leur travail : à travers une approche sensible, immersive et collaborative, l’équipe participe, avec les citoyen·es, à révéler les territoires.
Agrégée d’arts plastiques, elle poursuit en parallèle un travail de pédagogue au sein d’un collège classé REP en banlieue de Lyon de 2010 à 2018. Avec ses élèves elle met en place des dispositifs de pratique plastique exigeants, en lien avec le Musée des Beaux arts de Lyon, le collectif d’architecte Pourquoi Pas !, ou encore l’ENTPE. Les projets qui en découlent sont autant de leviers pour déplacer le regard, transformer le monde qui les entoure et découvrir des univers parfois jugés inaccessibles.
Cette recherche de décloisonnements et de rencontres se poursuit aujourd’hui au sein de l’Université Paris 8 où elle enseigne depuis 2018. Sa recherche artistique personnelle, ses engagements dans la coopération et la recherche-création se mêlent au sein de projets pédagogiques qu’elle développe avec son binôme Fabienne Flambard depuis 2020. Que ce soit dans une ferme de l’Oise, dans un EHPAD de Seine Saint Denis, ou encore dans l’atelier d’estampe qu’elles remontent au coeur de l’Université, chaque cours offre l’opportunité d’apprendre ensemble, de faire des rencontres fondatrices et de se questionner sur la force de la création artistique au sein de notre société et ses institutions.